Ce dimanche 3 janvier, le Dakar s’est élancé de la ville de Djeddah, située au bord de la mer Rouge, en Arabie Saoudite. En tant qu’éditeur du site web d’info-divertissement MOTTO Le ride, j’ai pris la délicate décision de demander à notre rédaction de ne pas relater cette épreuve mythique.
En préambule, je dois l’avouer : en tant qu’être humain, je me suis souvent demandé si je faisais bien de couvrir sur place le Grand Prix du Qatar, un pays connu pour sa vision bien à lui des droits humains, pour Sport-Bikes Magazine.
Mais j’ai à chaque fois jeté un voile pudique sur ce questionnement éthique afin de me concentrer sur mon métier, le journalisme sportif, et ma passion, le sport moto. Car il me semblait difficile de publier un magazine se voulant à la pointe du sport moto de vitesse sans tenir compte de l’épreuve d’ouverture du championnat MotoGP.
Depuis 2020, le Dakar se déroule en Arabie Saoudite, un pays réputé pour son totalitarisme, et notamment la violence de ses us-et-coutumes envers les femmes. La question se posait donc de la même façon quant à la bienséance du suivi du plus célèbre des rallye-raids sur notre récent site web. Ce, jusqu’à ce qu’une étincelle mette le feu aux poudres de ma conscience.
Lundi 28 décembre, la militante des droits humains Loujain al-Hathloul a été condamnée à cinq ans et huit mois de prison par un tribunal saoudien spécialisé dans les affaires anti-terroristes pour « diverses activités prohibées par la loi anti-terroriste. »
L’activiste, aujourd’hui âgée de 31 ans, est un véritable symbole de la répression contre les féministes dans ce royaume ultraconservateur. Ses actions – pacifiques – ont notamment poussé les autorités saoudiennes à accorder aux femmes le droit de conduire : Laia Sanz, Sara Garcia, Audrey Rossa et Sara Jugla, pour ne parler que des pilotes féminines engagées en catégorie moto sur ce Dakar 2021, lui doivent ainsi beaucoup.
Plus globalement, Loujain al-Hathloul se bat pour dénoncer et détruire la tutelle mettant la femme à la merci totale de l’homme dans son pays.
Emprisonnée depuis mai 2018, en même temps que quatre autres défenseurs des droits humains, Loujain al-Hathloul a été fouettée, électrocutée, harcelée sexuellement, ainsi que l’ont révélé Amnesty International et Human Rights Watch.
Cette récente condamnation est intolérable. MOTTO Le ride ne peut cautionner le fait que l’Arabie Saoudite se serve du sport mécanique, déjà suffisamment décrié en occident, comme d’une carte de visite – ainsi que l’avait déclaré Loujain al-Hathloul en exhortant les golfeuses du Ladies European Tour à boycotter l’événement organisé dans son pays – ou comme faire-valoir de sa « modernité » quand elle en est encore à appliquer des lois d’un autre temps et bafouer les droits humains.
Je précise que ce point de vue n’engage que moi et que je ne souhaite aucunement juger ou condamner les parties impliquées dans la tenue de ce Dakar. On dit souvent qu’il faut savoir dissocier l’homme de l’artiste : je souhaite, en ce début d’année 2021, associer notre site aux droits des femmes.
Tommy Marin
Directeur des publications MOTTO Le ride & Sport-Bikes Magazine
Pour en savoir plus sur Loujain al-Hathloul et l’enfer qu’elle subit, nous vous invitons à visionner cette vidéo publiée par Brut.
Bonjour et meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2021.
Je ne peux que vous encourager sur votre prise de décision concernant votre choix envers le Dakar 2021.
Le Dakar reste et restera une course Rallye-Raid de grande envergure et il ne faut pas mélanger la course et les choix de diffusion médiatique.
Patrick
http://bikesontrack.com/